Depuis fin août des centaines de romans sont sortis pour le sacro-saint rituel de la Rentrée littéraire. A l'heure où tous les prix ont été distribués pour clore cette rentrée (je crois), voici mon petit bilan.
Une sélection forcément restreinte, parce que les journées ne sont pas élastiques et qu'on ne peut pas TOUT lire (et accessoirement parce que les livres ne sortent pas directement en format poche et qu'on ne peut pas non plus TOUT acheter :-)). Aimer lire, c'est être toujours un peu frustré par tout ce à quoi on renonce...
Swamplandia, Karen Russel.
Sur l'île de Swanplandia, en Floride, la famille Big Tree s'occupe d'une sorte de ferme aux crocodiles dont l'attraction principale est le spectacle où la mère plonge et nage au milieu des alligators... Mais cette dernière meurt d'un cancer et le parc périclite. Le père et les trois enfants vont chacun à leur manière essayer de se sortir de cette mauvaise passe. Malgré ce point de départ pas très joyeux on est très loin du mélodrame car le talent de l'auteur est de réussir à nous raconter cette histoire de faillite et de deuil familial sans tomber dans le pathos. C'est touchant, émouvant, mais aussi drôle et un peu fou. J'ai d'ailleurs pensé à plusieurs reprises aux romans de John Irving.
Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka.
Dans un tout autre registre, ce roman inspiré par un fait historique méconnu. Au début du 20ème siècle, des dizaines (centaines?) de jeunes japonaises ont embarqué pour les Etats-Unis. Elles devaient s'y marier avec les jeunes hommes avec lesquels elles avaient correspondu depuis des mois et qui leur promettaient une vie facile et confortable. La réalité fut bien différente, et à peine débarquées, elles eurent la mauvaise surprise de découvrir que leurs maris n'étaient pas les jeunes hommes fringants qu'elles avaient pu admirer sur les photos échangées... De même, la vie qui les attendait allait être toute autre puisqu'elles allaient la passer à trimer dans les champs ou à faire les domestiques. Il s'agit d'un roman choral où se mêlent les voix de toutes ces femmes, racontant les étapes de leur nouvelle vie aux Etats -Unis.
J'ai été très touchée par ce livre qui m'a appris cette partie de l'histoire que j'ignorais totalement. Un roman court mais très dense car au-delà des histoires individuelles il aborde en creux de nombreux thèmes: le déracinement, l'exclusion, le racisme...
La vérité sur l'affaire Harry Québert, Joël Dicker.
Le roman phénomène de la rentrée, écrit par le petit génie suissse Joël Dicker, nouvelle coqueluche des médias (et des ménagères de moins de 50 ans?)
Difficile d'en parler après toute l'encre qui a coulé depuis un mois... Difficile aussi de le classer dans un genre bien défini. Polar? Roman à suspense, assurément (mais pas que), avec un squelette déterré 30 ans après une mystérieuse disparition, un coupable tout trouvé mais qui crie son innocence, un jeune écrivain aux dents longues en panne d'inspiration qui va essayer de démêler les fils de cette intrigue pour sauver la réputation de Harry Québert, son prof de fac, son mentor et ami. Et des fils, il y en a dans ce roman foisonnant, plein de rebondissements et de surprises. On ne peut pas nier (et jalouser un peu) que l'auteur sait parfaitement bien tirer les ficelles pour nous tenir en haleine sur plus de 650 pages, avec un roman dans le roman, des allers-retours entre 1975 et 2008, le tout saupoudré de quelques répliques savoureuses sur les médias, la politique, le monde de l'édition ou les avocats médiatiques...
De ces trois romans de la rentrée, ce n'est pas celui-ci qui me marquera le plus, mais j'ai passé un très bon moment de lecture, et je ne vais pas bouder mon plaisir!